Les jardiniers le savent bien ! Chaque année, souvent à l'automne ou au tout début de l'hiver, il est nécessaire de bêcher son jardin afin de préparer la terre aux futurs semis de légumes de potager. Pourtant, il existe de nombreuses façons de bêcher son jardin, suivant le type de terre présent par exemple, mais également selon sa conception du jardinage, plus ou moins respectueux de l'environnement. Voici donc dans cet article les quelques grands principes du bêchage.
Bêcher son jardin, dans quel but ?
Les plantes du potager sont dans leur grande majorité des plantes annuelles, dont l'espérance de vie ne va pas aller au-delà de la saison. De fait, ce ne sont pas des plantes très puissantes, capables d'aller récupérer les nutriments dont elles se nourrissent très profondément dans la terre. Lorsque cette terre est trop ferme, les racines ne parviennent pas à s'étendre et leur croissance est donc altérée.
Depuis des milliers d'années, le principe du bêchage était donc de retourner la terre afin de la rendre plus meuble, et de faciliter l’émergence des semis. De plus, le bêchage rend la terre plus aérée, avec des nutriments qui circulent plus facilement et des mauvaises herbes qui poussent au contraire plus difficilement. Enfin, le dernier avantage du bêchage est de donner l'occasion au jardinier de fertiliser manuellement la terre, à quelques centimètres de profondeur. Cette fertilisation se fait avec l'aide de fumier ou de compost, pour rester dans des produits totalement naturel et biologiques, même si de l'engrais chimique reste utilisable. Ainsi, bêcher son jardin, c'est mettre le sol dans les meilleures dispositions pour accueillir les plants.
Comment bêcher son jardin ? Les outils et les différentes étapes
Pour bêcher correctement, il faut déjà connaître le type de terre qui compose le jardin, afin de choisir les bons outils, mais aussi la profondeur de terre à bêcher. Ainsi, si la terre est de type sableuse, elle sera très légère, ne retenant pas l'eau. Son bêchage est conseillé au tout début de printemps, avec l'aide d'une bêche, c'est à dire communément une pelle pour bêcher. A l'opposé, si le sol est argileux, c'est à dire plutôt compact, avec donc l'eau qui a du mal à pénétrer, tout comme l'air d'ailleurs, il conviendra d'utiliser une fourche bêche, et de procéder à ce travail en fin d'année civile.
Quelque soit le type du sol, l’outil doit avoir un manche le plus long possible, ce qui permet d'avoir plus de force pour retourner la terre mais également d'atténuer le fameux mal de dos survenant après le travail. Enfin, suivant sa force, on choisira un outil plus ou mois large, capable de retourner une quantité de terre plus ou moins importante à chaque fois.
Avant de procéder au bêchage, on enlèvera les mauvaises herbes à l'aide d'un sarcloir, qui viendra couper ces derniers à la base du sol.
Ensuite, avec la bêche ou la fourche bêche, on creuse une tranchée d'une trentaine de centimètres de hauteur, en mettant la terre de côté. Au fond de cette tranchée, un lit de compost ou de fumier naturel sera déposé, afin d'enrichir la terre naturellement. Ensuite, il suffit de boucher la tranchée avec la terre issue du bêchage suivant, et ainsi de suite. Bien entendu, on profite du bêchage pour enlever toute pierre ou grosse racine issue de mauvaises herbes, mais aussi pour casser les mottes. A noter toutefois qu’en cas de bêchage à l'automne, les mottes se désintégreront naturellement pendant l'hiver.
Dans la plupart des sols, un bêchage simple, c'est à dire de la hauteur de la bêche, suffit. Toutefois, lorsque le sol est véritablement très compact, un double bêchage peut être utile, sur une profondeur doublée, d’environ 60 centimètres.
La remise en cause du bêchage
Depuis quelques dizaines d'années, et d'autant plus depuis l’émergence du jardinage biologique, le bêchage fait l'objet de nombreuses critiques. En effet, retourner un peu brutalement la terre a des conséquences pour la faune et la flore présentes dans le sol.
Ainsi, au niveau de la faune, le bêchage tue ou modifie l'habitat de nombreux insectes ou d'organismes. L'exemple le plus marquant est le fameux ver de terre, qui est malmené, notamment avec l'utilisation d'une bêche. Or, le ver de terre est un bienfait pour une culture, car il favorise l'aération de la terre.
Au niveau de la flore, le bêchage détruit l'écosystème présent dans les trente centimètres au dessous du sol. Les plantes en surface se retrouvent en profondeur où elles se décomposent. Or, si le compost est très bon pour fertiliser une terre, cela est vrai que parce qu'il est composé de bio-organismes verts déjà décomposés.
Ainsi, l'agriculture biologique préconise une autre façon de préparer son jardin aux cultures futures.
Utiliser une grelinette pour aérer son jardin
Dès les années 60, André Grelin a inventé un outil, la grelinette, dont l'objectif est d'aérer la terre sans avoir à la retourner, et donc sans mettre en danger l'écosystème. La grelinette se trouve sous différents noms : bêche aératrice, fourche écologie ou encore biogrif. Le principe reste toutefois toujours le même. Il s'agit d'une sorte de fourche de différentes largeurs, composés de 3 à 5 dents et de deux manches, un à chaque extrémité.
Pour l'utiliser, il suffit de le planter bien droit dans la terre. Un fois planté, un premier mouvement en arrière relèvera la terre. Par la suite, on fera osciller la grelinette d'avant en arrière pour aérer la terre. Ce travail demande finalement moins de travail que de bêcher pour des résultats souvent aussi convaincants. Bien évidemment, lorsque la terre a été aérée, il est possible d'étaler de l'engrais ou du fumier. Il devra toutefois être plus émietté pour entrer plus facilement en terre.
Finalement, suivant sa philosophie, deux techniques bien distinctes existent désormais. Par contre, le bêchage reste obligatoire dans deux cas bien distincts. Ainsi, lorsque le jardinier souhaite transformer une terre qui n'était jusqu'alors pas cultivé en jardin potager, un bêchage classique s'impose la première année. De plus, si la terre est très argileuse, elle sera souvent trop compacte. Un simple passage de grelinette ne l'aérera pas suffisamment.
Bêcher ou greliner son jardin demande finalement beaucoup d'effort, mais assez peu de connaissances ! Et une terre fin prête, c'est un premier atout pour avoir un potager réussi !